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LE MANOIR

— Je veux dire que si M. l’intendant était de sang-froid, il ne serait pas lent à voir, dans tout ce qui est arrivé, la main de DuPlessis, dont les secrètes menées avec madame m’ont toujours inspiré une sourde colère, quoique je fusse loin de supposer qu’elles auraient des résultats si désastreux.

— Mille tonnerres ! s’écria l’intendant, que voulez-vous donner à entendre ?

— Oh ! monsieur, rien qui touche à l’honneur de madame. Mais, malheureusement, il y a une telle coïncidence entre la requête qui fut présentée au gouverneur et la visite que fit DuPlessis au manoir de la Rivière-du-Loup, que je ne puis m’empêcher de croire que cela fut concerté entre DuPlessis et votre épouse.

M. Hocquart resta un instant muet ; puis il reprit d’une voix étouffée par la colère :

— Deschesnaux, expliquez-moi comment il serait possible que cet espion eût pénétré au manoir.

— C’est Michel Lavergne qui l’avait introduit le jour où je l’ai rencontré à la porte latérale du parc.

— Poltron, vous y avez rencontré ce conspirateur et vous ne l’avez pas étendu mort à vos pieds ?

— Monsieur, nous avons tiré l’épée l’un contre l’autre, et si le pied ne m’eût glissé, il n’aurait plus été un obstacle à vos desseins.

— Et pourquoi, serviteur infidèle, ne m’avoir pas averti de la présence, à la demeure de ma femme, de mon plus mortel ennemi ?

— Parce que, monsieur, madame me dit qu’elle allait vous avertir de cette visite, et ce n’est que ce matin, à l’arrivée de Cambrai, que j’ai appris que DuPlessis avait établi un de ses émissaires dans les environs du manoir, dans le dessein de faciliter l’évasion de madame au moment le plus favorable pour DuPlessis, c’est-à-dire quand Son Excellence, la mar-