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MYSTÉRIEUX
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— Allons, réponds-moi : qui es-tu et que viens-tu chercher ici ?

— Je suis un pauvre jongleur.

— Et quelle jonglerie prétends-tu faire ici, alors que tes camarades sont réunis dans l’aile du château en arrière ?

— Je viens voir ma sœur, à laquelle M. DuPlessis a cédé sa chambre.

— Ah ! reprit Lavergne d’un air soupçonneux, M. DuPlessis cède sa chambre à la sœur d’un jongleur ! Écoute, maraud, si tu ne sors d’ici à l’instant même, je te jette par la fenêtre, pour voir si, par quelque tour de ton métier, tu peux faire le trajet sans te briser les os.

— Je n’ai qu’un mot à dire à ma sœur, poursuivit Taillefer.

— De par tous les diables, décampe au plus vite et sors à l’instant du château et de la ville, sinon tu auras de mes nouvelles, tu m’entends ? Pas de réplique. Gardien, amenez ce vaurien, et mettez-le hors des dépendances du château.

Le gardien prit Taillefer par le bras et, suivi de Lavergne, le conduisit vers la porte retirée par où DuPlessis était entré. Pendant le trajet, notre jongleur se creusait la cervelle pour trouver un moyen d’avertir la pauvre dame de ce qui venait de lui arriver. Mais lorsqu’il eut été chassé par le gardien sur l’ordre de Lavergne, qui s’arrogeait une autorité qu’il n’avait pas dans ce château, il leva les yeux au ciel pour le prendre à témoin qu’il avait tout fait en son pouvoir pour défendre la malheureuse opprimée, et, tournant le dos au château, il se mit en route pour trouver un asile plus humble et plus sûr.

En rentrant au château, le gardien dit à Lavergne, qu’il se prenait, à ses airs de grandeur, pour un personnage important de la suite du gouverneur général :