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MYSTÉRIEUX
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— Je ne le puis, dit-elle, non, je ne le puis, tant que vous ne m’aurez pas accordé ma demande. Écoutez-moi : j’attends ici les ordres de quelqu’un qui a le droit de m’en donner… L’intervention d’un étranger… la vôtre surtout, me perdrait sans ressource. Attendez vingt-quatre heures sans vous mêler en rien des affaires de la malheureuse Joséphine.

DuPlessis ne répondit pas ; mais, réfléchissant qu’elle était aux Trois-Rivières et qu’elle n’avait rien à craindre dans un château que Son Excellence honorait de sa présence, il comprit que ce serait un mauvais service à lui rendre que d’implorer le gouverneur général sans son consentement. Au bout d’un moment de réflexion il lui dit :

— Je vous abandonne à votre sort pendant vingt-quatre heures, puisque vous me le demandez ou plutôt me l’ordonnez, et malgré ce qu’il m’en coûte de vous faire une semblable promesse, à cause de ce que votre tendre père attend de moi par rapport à vous.

— Donnez-moi votre foi de gentilhomme, insista-t-elle, que vous ne vous occuperez en rien de moi, quoi que vous puissiez voir ou entendre dire, et quelque besoin que je paraisse avoir de vous. Vous me le promettez ?

— Oui, Joséphine ; mais, ce délai écoulé…

— Ce délai écoulé, vous serez libre de faire ce que vous jugerez convenable.

— N’y a-t-il rien que je puisse encore faire pour vous, Joséphine ?

— Non, rien, que de me quitter et… je rougis d’être réduite à cette demande… de m’abandonner pour vingt-quatre heures votre appartement.

DuPlessis s’inclina et partit.