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LE MANOIR

que je me cacherais sous sa peau d’ours pour venir en aide à sa mémoire pendant que le gouverneur général entrerait.

— C’est très bien, mon cher Cyriaque, je te suis très reconnaissant. Mais retourne à ton géant qui doit être inquiet. Au revoir, porte-toi bien.

— Vous ne consentez donc pas à me conter l’histoire de cette dame, qui est votre sœur comme moi ?

— À quoi cela te servirait-il, trop curieux lutin ?

— N’avez-vous que cela à me répondre ? Eh bien ! souvenez-vous que, si jamais je ne trahis un secret, je travaille toujours à faire échouer les projets que l’on veut me cacher.

— Tu sauras un jour, mon brave Cyriaque, tout ce que je sais moi-même sur cette dame.

— Oui, et ce jour-là n’est peut-être pas éloigné, maître sorcier. Adieu, je retourne près de mon géant.

— Plût au ciel que, moi, je fusse déjà hors d’ici, se dit Taillefer en voyant le jeune garçon s’éloigner en gambadant. S’il faut que ce nain malicieux mette le nez dans le secret, ce sera une belle affaire !

Pendant que Taillefer attendait DuPlessis avec impatience, celui-ci venait d’entrer par un côté opposé. Il précédait le cortège pour venir s’assurer que tout était préparé au modeste château du commandant pour la réception de Leurs Excellences. Après avoir remis son cheval à un domestique et avoir examiné rapidement les différents préparatifs faits, il se retira dans le parterre de derrière, où régnait plus de calme, afin de se livrer aux réflexions qui l’obsédaient. Son imagination couvrait d’un voile sombre tout ce qui l’environnait. Il comparait tous les objets exposés à sa vue à d’épaisses forêts, et l’image de Joséphine errait comme un fantôme dans tous les paysages que