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MYSTÉRIEUX
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CHAPITRE XXIV

LA FUITE


Louise, en rentrant, trouva sa maîtresse assise dans son fauteuil, la tête posée sur ses bras, qui étaient étendus sur la table placée devant elle. La fidèle jeune suivante courut à elle et chercha à la tirer de son engourdissement. Mme Hocquart la regarda d’un œil éteint et dit d’une voix étouffée :

— Louise, j’ai bu !

— Cette potion ne vous fera pas de mal, grâce à l’antidote que vous avez pris ce matin, ma chère maîtresse. Mais levez-vous, secouez cette léthargie.

— Louise, laisse-moi en repos ; je veux mourir tranquille. Je suis empoisonnée !

— Non, non, vous ne l’êtes pas. Je suis revenue en toute hâte vous dire que les moyens de fuir sont en votre pouvoir.

— De fuir ? Hélas ! il est trop tard !

— Il n’est pas trop tard ; prenez mon bras, marchons un peu. Ne vous apercevez-vous pas que vous allez mieux ?

— Mon engourdissement diminue. Mais est-il donc vrai que je ne suis pas empoisonnée ? Deschesnaux est venu ici. Oh ! si tu savais avec quel regard il m’a ordonné de boire ce breuvage ! Louise, cette horrible drogue, présentée par un pareil méchant, doit être funeste.

— Il ne la croyait probablement pas sans danger, hélas ! mais Dieu confond les desseins des méchants. Maintenant, ma chère maîtresse, vous sentez-vous assez forte pour essayer de fuir ?