Page:Houde - Le manoir mystérieux, 1913.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
MYSTÉRIEUX
147

— À quoi me sert, disait-elle à sa bonne et dévouée suivante, Louise, d’avoir des richesses et un grand nom, si je dois être prisonnière ici ? Je ne me soucie guère de ces perles et de ces diamants. À Champlain, je ne portais que des roses, et mon père m’appelait pour me contempler avec amour et admiration. N’ai-je pas eu tort de le quitter ? Il était si bon, si tendre pour moi ! et mon éloignement doit le rendre si malheureux ! Il me tarde de le revoir, d’aller me jeter dans ses bras, de lui demander de me pardonner et de bénir l’union que j’ai osé contracter sans sa permission ! Il a du moins, j’espère, ce pauvre DuPlessis pour le consoler. Cet étranger fait plus pour mon père que moi. J’en rougis ! Oh ! le noble caractère ! Dieu le récompensera de son généreux dévouement. Mais ne parlons plus de lui, c’est inutile maintenant !

— En effet, madame, remarqua la prudente Louise, je n’aime pas à vous en entendre parler si indiscrètement.

— Vois-tu, ma chère enfant, je suis née libre et j’aime la liberté, quoique je sois aujourd’hui emprisonnée et gardée comme une esclave. Il faut bien, néanmoins, que je me résigne à mon triste sort, que moi-même j’ai étourdiment choisi. Fasse le ciel que cette captivité puisse bientôt finir et qu’au moins je revoie mon vieux père !

Un jour que la pauvre femme continuait de confier ses plaintes à sa fidèle et sympathique Louise, elle entendit un bruit de chevaux dans la cour. Elle se leva et courut à la fenêtre en s’écriant avec joie :

— C’est lui ! c’est M. Hocquart !

Mais Cambrai, entrant dans le salon d’un air maussade, annonça que Deschesnaux venait d’arriver et apportait un message de l’intendant.