Page:Houde - Le manoir mystérieux, 1913.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
LE MANOIR

vie et conjointe avec le soleil, répand ses flots de lumière où l’éclat de l’or se mêle à celui de l’argent, présage de pouvoir, de richesses et de dignités. Jamais César n’entendit, dans la puissante Rome, sortir de la bouche de ses aruspices la prédiction d’un avenir de gloire tel que celui que ma science pourrait révéler à mon fils favori, d’après un texte si riche.

— Vous vous raillez de moi, vieillard ! s’écria l’intendant.

— Convient-il à celui qui a l’œil fixé sur le ciel et le pied sur le bord de la tombe, de plaisanter ? répliqua l’astrologue d’un ton solennel.

— Mais, reprit M. Hocquart, votre art peut-il me dire d’où viendra le danger qui me menace ?

— Voici, mon fils, tout ce que je puis vous dire : le malheur annoncé par les astres sera causé par un homme, ni très jeune, ni très vieux, qui viendra d’occident.

— D’occident ! Ah ! c’est par là que se forment les tempêtes… Ni très jeune ni très vieux… ce doit être lui, le mauvais génie qui poursuit mon bonheur et qui aujourd’hui encore a failli me perdre auprès du… C’est bien, mon père, acceptez ces quelques écus, et soyez fidèle et discret. Holà ! Deschesnaux, reconduisez ce vieillard.

L’astrologue salua en s’inclinant et passa avec Deschesnaux dans la chambre de celui-ci.

— Eh bien, Théodorus, a-t-il accepté son horoscope sans difficulté ?

— Il a d’abord fait quelques façons, puis a fini par accepter avec confiance.

— Parlons maintenant de vos affaires, sage interprète des astres. Je puis vous apprendre votre destinée sans le secours de l’astrologie. Si vous ne voulez pas vous séparer de votre tête à présent, il faut partir d’ici.