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MYSTÉRIEUX
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— Mon fils, je n’ai point garanti sa mort. On ne peut tirer des corps célestes aucun pronostic qui ne soit subordonné à la volonté de Celui qui les gouverne.

« Astra regunt homines, sed regit astra Deus. »[1]

— J’avais prévu qu’il serait très malade, et de fait il l’a été tellement, ainsi que vous avez dû l’apprendre avant moi, qu’il est étonnant qu’il ait pu en revenir. En examinant l’horoscope que vous m’avez soumis, vous verrez que Saturne, étant en opposition à Mars, rétrograde dans la maison de vie, ce qui est le signe certain d’une maladie dont l’issue est dans les mains de la Providence, quoique la mort en soit le résultat probable.

— Avez-vous de nouveau tiré mon horoscope, demanda M. Hocquart, et pouvez-vous me découvrir ce que les astres me prédisent ?

— Voilà, mon fils, la carte de votre brillante fortune. Toutefois, elle n’est pas exempte de difficultés et de dangers.

— S’il en était autrement, remarqua M. Hocquart, ce ne serait pas la fortune d’un mortel. Mais je suis déterminé à agir et à souffrir, comme il convient à un homme appelé à jouer un rôle dans le monde.

— Votre courage, reprit l’astrologue, doit s’élever haut. Les étoiles annoncent un titre plus élevé que celui que vous portez maintenant. Je m’arrête, c’est à vous de découvrir le sens de cette prédiction.

— Dites-le-moi, insista l’intendant, les yeux étincelants d’une vive curiosité, dites-le-moi.

— Je ne le puis et ne le veux, répondit le vieillard. Le courroux des grands est comme la colère du lion. Mais voyez vous-même. Ici la planète Vénus, montant dans la maison de

  1. Les astres gouvernent les hommes, mais Dieu gouverne les astres.