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PRÉFACE

ché dans la tombe, ces braves gens crurent que seul un ministre du cabinet provincial était digne de le remplacer auprès d’eux. Un groupe important d’électeurs se rendit en conséquence auprès de l’honorable L.-O. Taillon, ministre du cabinet Ross, pour le prier de se laisser porter à la candidature. Celui-ci, peu soucieux d’abandonner son portefeuille pour entrer dans la politique fédérale comme simple député, manifesta son étonnement de ce que la délégation semblait ignorer les candidatures que la mort de Houde avait fait naître et dont l’écho répercuté dans les gazettes parvenait jusqu’à lui. Les délégués avouèrent naïvement qu’« ils ne voulaient pas donner aux autres comtés l’occasion de dire que le niveau de leur représentation avait baissé ».

Cette démarche ne fait pas moins honneur aux Maskinongeois qu’à leur député Frédéric Houde. Nous laissons au lecteur le soin d’apprécier son œuvre que nous ne croyons pas indigne de notre littérature. Des critiques, plus autorisés et moins intéressés, diront si l’on a eu tort de l’exhumer des vieux journaux. J’avouerai que, devant le reproche souvent fait aux littérateurs canadiens de ne pas écrire de romans, on était en droit de penser qu’il n’était pas permis de laisser une œuvre sincère s’enliser plus longtemps dans les sables de l’oubli.

Frédéric Houde partage avec Ferdinand Gagnon, Messire Druon et M. Antoine Moussette, l’honneur d’avoir fondé aux États-Unis le journalisme canadien-français, dont le rôle a été de seconder l’éloquence du clergé pour stimuler le patriotisme et la foi des Canadiens-français. Ils furent les auxiliaires du clergé et comme l’écho sonore des patriotiques appels de ces prêtres admirables dont les noms sont synonymes : les Bédard, les Frimeau, les Chagnon, et tant d’autres.

À Frédéric Houde revient encore l’honneur d’avoir créé, à Montréal, le grand journalisme quoti-