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LE MANOIR

— Je prie monsieur le commandant, dit celui-ci, de se disposer commodément pour dormir. Et vous, messieurs, soyez silencieux, comme si vous étiez près du lit de mort de votre père.

Tous se retirèrent, à l’exception de DuPlessis, de Taillefer et de Papillon, et le silence le plus complet régna bientôt dans toute la maison. Le malade s’endormit promptement d’un profond sommeil, ressemblant à une léthargie ; néanmoins, sa respiration était forte et régulière.

Le soleil commençait à peine à se lever lorsqu’on frappa à la porte, et de Tonnancourt quitta la salle où il était à causer avec deux de ses amis, les jeunes Poulin de Courval et Fafard de Laframboise, qui, comme lui, avaient passé la nuit chez le commandant. Il revint seul au bout d’un instant, et il fut si frappé de la pâleur de ses compagnons de veille qu’il leur en fit ce compliment :

— Ma parole ! vous êtes pâles comme des reflets de la lune. On vous prendrait pour des hiboux, et je ne serais pas surpris de vous voir envoler les yeux éblouis pour aller vous soustraire aux rayons du soleil.

— Tais-toi, tête de linotte ! répliqua Poulin de Courval. Est-ce le moment de plaisanter quand l’honneur du Canada rend peut-être le dernier soupir dans la chambre à côté ?

— Brave de Courval, j’aime et j’honore le commandant autant qu’aucun d’entre vous ; mais s’il plaisait au ciel de le retirer de ce monde, je ne dirais pas que tout l’honneur du Canada serait mort avec lui.

— Sans doute, riposta Fafard de Laframboise, une bonne part survivrait en toi.

— Trêve de plaisanteries, reprit Poulin de Courval ; apprends-nous plutôt qui est venu frapper à la porte.