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J’ai entrevu pendant une minute la possibilité de me confier à une femme comme je me confie à vous ce soir, de lui dire tout bas, l’espoir de ma vie… Il me semble qu’elle m’aurait compris… j’aurais parlé avec mon cœur, j’aurais trouvé des mots magiques, des mots de griserie, de tendresse… Mais ce que j’ai là (geste, cœur), je ne puis le divulguer ; ce serait vilain de ma part. Non, je ne le puis pas, non, je n’en ai pas le droit…

JACQUELINE :

(pendant le récit de ces dernières phrases, Jacqueline, surprise, a vu sur la table sa photographie ; elle l’a retournée légèrement, sourit et la remet en place, donnant l’impression qu’elle se dit : Toi, tu me paieras cela. Toute cette scène se fait évidemment à l’insu de Fred qui a parlé comme dans un rêve. Et Jacqueline doit graduer l’insouciance pendant la scène qui va suivre).

Dans ce cas, mon cher, gardez votre secret.

FRED :

Jacqueline, ah ! si vous vous doutiez du sacrifice que je fais, si vous saviez…

JACQUELINE :

(coquette et espiègle). C’est durant vos nombreux voyages que vous avez collectionné ces jolies choses ?

FRED :

Ce sont des souvenirs… (tendre) Jacqueline…

JACQUELINE :

(faisant la sourde oreille). Cette arme ? (elle fait le geste de la prendre sur la table de travail).

FRED :

(bondissant). N’y touchez pas, elle est chargée…