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plupart du temps, n’en est pas une, ni pour nous ni pour d’autres, d’ailleurs… Eh ! Puis, ce ne sont que des passades, elles ne tirent pas à conséquence. Il ne faut pas être jaloux de ces femmes-là… Non, Jacqueline, l’amour réel ne s’éparpille pas ainsi… L’amour, c’est tout ce qu’il y a de bon, de beau, de rare. On le cherche parfois des années et des années sans le trouver.

JACQUELINE :

Parce qu’on cherche mal…

FRED :

Pendant quinze ans j’ai cherché vainement… Jacqueline, vous ne pouvez pas me comprendre ; vous ne devez pas essayer de me comprendre.

JACQUELINE :

(un petit peu jalouse). La pensée d’une autre vous empêche, sans doute, d’être plus précis ?

FRED :

Non, vous vous méprenez ; ce n’est pas ce motif qui me fait parler ainsi, mais des raisons sérieuses, une situation épouvantable, inattendue, qui bouleverse depuis quelques heures mes plans, ma vie et me désespère…

JACQUELINE :

(intelligente). Voyons, grand ami, dites-moi vos chagrins, confiez vous à moi ; si vous saviez comme je serais heureuse de vous être utile, de partager votre secret si vous en avez un. La vie est mauvaise parfois, je sais ! Moi aussi, j’ai connu de mauvais jours… Mais il y a de bons moments, je vous assure…

FRED :

Non ! Jacqueline, l’homme que je suis et que tout le monde croit heureux, ne l’est pas et ne peut pas l’être… J’ai fait, pas plus tard qu’il y a un instant, un rêve charmant…