Page:Houde - De cinq à sept, comédie en un acte, Revue Moderne déc 1924.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peu de chose près la cause de toutes mes désillusions.

JACQUELINE :

(gentille). Alors, vous ne croyez plus à l’amour ?

FRED :

(sincère). Si, depuis quelques instants… Depuis que vous êtes là, près de moi ; que je respire en vous la jeunesse, la beauté, que je connais votre nature franche, Jacqueline, oui ! je voudrais pouvoir vivre !…

JACQUELINE :

Comme vous me dites cela… est-ce que vous songeriez ?

FRED :

(se reprenant). Oh ! non, une idée noire… je ne sais vraiment pas pourquoi je vous ai dit cela. Vivre pour refaire ma vie manquée et créer du bonheur autour de moi…

JACQUELINE :

Mais qu’est-ce qui vous en empêche… vous êtes riche, élégant, vous avez tout pour plaire (un peu jalouse). D’ailleurs, vos bonnes fortunes ne sont-elles pas assez nombreuses pour vous en faire espérer d’autres…

FRED :

On a beaucoup exagéré. J’ai laissé dire par gloriole, parce qu’on croit dans sa fatuité d’homme léger que d’avoir eu des aventures galantes, c’est bien vu… On s’imagine qu’on fait de l’effet… Les maris nous font les gros yeux et dans les salons, d’un air dégagé et las, on pose à la Don Juan… On sourit et aussitôt on prend notre sourire pour une nouvelle conquête qui, pour la