LA VERITE
On dit que chez l’homme autrefois,
La vérité voulut établir sa demeure,
Elle quitte les cieux, fend l’air, et veut sur l’heure
Essayer du palais des rois ;
Du meilleur prince elle fait choix,
Va droit à lui, l’on trouve à dire,
Que sans autre façon elle osât lui parler.
Je viens pour regler votre empire ;
Mais, dit-elle, avant tout, c’est vous qu’il faut regler
Je veux de vos défauts… quoi ! Des défauts, s’écrie
Un courtisan : ils sont bien inconnus !
Oüi des défauts ; souffrir la flatterie,
Et d’un : de celui-là mille autres sont venus.
Taisez-vous flatteurs ; et vous, sire,
Écoûtez-moi, je vous vois assiéger
Par cent brigueurs d’emplois, qui n’y pouroient suffire ;
Orguëil pour tout talent : n’allez pas en charger
Ces importuns ; mais cherchez le mérite ;
Il se cache, et pour lui, c’est moi qui sollicite,
Tels et tels ignorez sont vos meilleurs sujets ;
Voilà vos gens d’état ; placez là vos bienfaits.
Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/350
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