cent louis ;
Et le manant, les yeux tout éblouis,
Retourne à son village étaler sa chevance.
Eh quoi ! Dit son seigneur surpris,
Payer cent louis une rave !
Vertubleu, le prince est un brave.
Ma fortune est faite à ce prix.
Il vous monte à l’instant sur un coursier d’Espagne,
Beau, bienfait, et qui sur les vents
Prenoit quelquefois les devants :
Comme un rapide trait il franchit la campagne.
On arrive au palais du roi
À qui le seigneur court offrir son palefroi.
Certes le don est superbe, il m’étonne,
Lui dit alors sa majesté :
Mais je me picque un peu de générosité :
Qu’on m’apporte ma rave. On l’apporte ; il la donne.
Tenez, dit-il ; ainsi que le cheval
Dans son genre elle est des plus rares.
Il fit bien de punir le présent déloyal.
Le monde est plein de ces donneurs avares.
Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/325
Cette page n’a pas encore été corrigée