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LE PECHER ET LE MEURIER

Un pécher, les amours et l’espoir de son maître,
Du jardin l’arbre favori,
Le printems ne faisant que naître,
S’applaudissoit d’être déja fleuri.
Il avise un meurier tout aussi sec encore
Que dans les froids les plus cuisans :
Aucun signe de vie ; on n’y voit rien éclore,
Feüilles ni fleurs ; ses rameaux languissans
Sont encor tous transis à la honte de Flore.
L’ami, dit le pécher, que te sert le printems ?
Ta paresse le deshonore.
Déja de sa touchante voix.
Philomele l’annonce aux échos de ces bois ;
Toute la nature s’éveille.
Dès le matin une aurore vermeille
Vient nous arroser de ses pleurs,
Nectar délicieux des arbres et des fleurs.
Cependant, paresseux, le zéphire a beau faire ;
Tu dors, quand tout est éveillé.
Que ne m’imites-tu ? Regarde, considere
Comme j’ai déja travaillé.