Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/20

Cette page n’a pas encore été corrigée
  • DISCOURS

même , je ne m’en ferai l'applicatîon qu’en partie. La Fontaine a recueilli les plus belles Fables de l'antiquité , Et il les a écrites avec une naïveté si élégante, qu’il a d’abord emporté tons les suffrages, et qu'il aura toujours autant de partisans zélés que de lecteurs. Je me flatte d’en être aussi touché que personne ; et son mérite au point que je le sens , a dû m’effrayer encore plus que sa réputa- tion. Aussi ne me serais-je pas hazardé à écrire des Fables, fi j’avais crû qu’il fallût être absolument aussi bon que lui pour être souffert après lui : mais j’ai pensé qu’il y avoir des places hono- rables au-dessbus de la sienne , Et je se- rais trop heureux d’obtenir cette appro- bation modérée ; qui, en me pardonnant de n’avoir pas les mêmes grâces que La Fontaine, ferait honneur à ce que je puis avoir d’heureusement original. N’y aurait-il pas même quelque jus- tice à me compter en compensation des beautés qui me manquent , le mérite de l'invention que mon prédéceseur