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Qui n’a de fondement que la crédulité.
Ils veulent voir, revoir, trente fois plûtôt qu’une :
Sçavent douter d’un fait par tout autre attesté ;
Tout est vû, touché, discuté.
Sur leur scrupuleux témoignage,
J’ose donc mettre en œuvre un des plus jolis faits.
L’écrevisse a, dit-on, des jambes de relais.
S’en rompt-elle une ? Il s’en trouve au passage
Une autre que nature y substituë exprès.
Une jambe est enfin un magazin de jambes.
Vous riez ; vous prenez ceci
Pour l’histoire des sevarambes.
N’en riez point. C’est un fait éclairci.
Mais remarquez que ces jambes nouvelles
Pour renaître n’ont pas même facilité.
Il est certains endroits favorables pour elles.
Or l’écrevisse sent cette inégalité :
Et lorsque sa jambe se casse
À l’endroit le moins propre à la production,
Elle se la va rompre elle-même à la place
D’où renaîtra bien-tôt sa consolation.
Vous êtes avertis. Passons à l’action.
Une écrevisse allant chercher fortune,
Se rompit une jambe. Il est tant d’accidens !
Pour les bêtes et pour les gens
C’est une misere commune ;