La vertu sur ce point fait un tour d’avarice ;
Elle se paye par ses mains.
L’obligeant Apollon et le malin Mercure
Un jour firent une gageure.
On m’adore pour ma bonté,
Disoit l’un : moi pour ma malice,
Disoit l’autre ; et je suis le plus accrédité.
Faisons un peu l’essai de nôtre autorité !
Qui de nous obtiendra le premier sacrifice,
Aura le pas sur l’autre. On conclut le traité.
Apollon voit alors un berger dans la plaine,
Qui du son de sa flûte éveilloit les échos.
Il lui fait sous ses pas rencontrer une aubaine ;
C’est une pierre où sont écrits ces mots :
Ici gît un trésor qu’Apollon te décele.
Est-il possible ! ô cieux ! S’écria le berger.
Il renverse la pierre et la trouve fidéle.
Riche trésor. L’envisager,
Le tirer, le compter ce ne fut qu’une affaire.
Il songe en le comptant à ce qu’il en peut faire.
Il achetera tout ; terres, forêts, châteaux ;
Rien de trop cher avec si grosse somme.
Adieu donc mes pauvres troupeaux ;
Le bon Guillot n’est plus vôtre homme.
Tandis qu’ainsi le pastre, yvre de son trésor,
Laisse égarer ses yeux et sa pensée ;
Le dieu malin enleve l’or.
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