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L’AVARE ET MINOS

De tous les vices des humains
Le plus mocqué, c’est l’avarice.
C’est aussi le plus fou. Bernez-le, c’est justice.
Quant à moi, j’y donne les mains.
Qu’Apollon me mette à sa place ;
J’arme tous les auteurs contre un vice si sot.
Nul rang, nul honneur au Parnasse
À quiconque sur lui n’eût pas lâché son mot.
Mais quoi ? Me diroient-ils ; la matiere est usée :
De quels siécles, de quels climats
N’a-t-il pas été la risée ?
Qu’en dirons-nous ? Plutôt, que n’en direz-vous pas ?
Peignez l’avare en sa folle disette,
De Belsebut infame anachorette,
Qui fait vœu sur son or de renoncer à tout :
Qui se traite lui-même à sa table maudite,
Comme un effronté parasite
Qu’il voudroit éloigner par un mauvais ragoût.
Quand le vice est opiniâtre
La satyre doit l’être aussi.
Allez le baffouër de théâtre en théâtre,
Tant qu’à le corriger vous ayez réussi.