Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il chasse de mon âme un effroi qui l'offense.

À peine devant toi mon coeur a-t-il gémi,

D'un seul de tes regards je le sens raffermi.

Dieu puissant, désormais plus ferme et plus docile,

Sur la mort de mes fils je porte un oeil tranquille ; [150]

Et mon zèle enflammé consumant ma douleur,

Ne voit plus dans leurs maux que ta gloire et la leur.

Frappez, bourreaux, frappez. Sous les plus rudes gênes

Faites couler ce sang qu'on puisa dans mes veines.

Au gré d'Antiochus massacrez mes enfants. [155]

Au sortir de vos mains je les vois triomphants,

Voler au sein du dieu l'auteur de leur constance,

D'un torrent de plaisirs goûter la récompense.

Plus vous serez cruels, plus ils seront heureux.

Eh ! Quels amis jamais feraient autant pour eux ? [160]

Tharès

Quel changement, ô ciel ? Madame, est-ce vous-même !

De quel abattement naît ce courage extrême !

C'est un coeur tout nouveau formé dans votre sein.

Vos yeux n'ont plus de pleurs, votre front est serein.

Vous offrez, sans frémir, les plus chères victimes. [165]

Heureuse, si vos fils sont aussi magnanimes !

Salmonée

Je les connais, Tharès ; une intrépide foi

Pourra sur mes enfants ce qu'elle peut sur moi.

Le dieu qui reçut d'eux le plus constant hommage,

Est sans doute aujourd'hui leur force et leur courage. [170]

Ses yeux ne sont-ils pas ouverts sur Israël ?

Le dirai-je pourtant ? Le jeune Misaël,