Eh bien ! C'est aujourd'hui le jour d'Antiochus.
Je vais de vos enfants ordonner le supplice.
Ah ! Comble tes bienfaits ; qu'avec eux je périsse.
Exhalez à loisir ce généreux transport. [95]
Gardes, retenez-la. Vous apprendrez leur sort.
Scène III
Hélas ! Dans quel état me laisse le barbare !
Quel trouble douloureux de mon âme s'empare ?
Mes enfants vont mourir au milieu des tourments.
Pour une mère, ô ciel, quels horribles moments ! [100]
Mon coeur se sent percé des plus rudes atteintes.
Je souffre tous les maux que m'annoncent mes craintes.
On me les cache en vain ; je les vois déchirer.
Sous les coups des bourreaux je les vois expirer ;
Et pour m'en présenter la plus affreuse image, [105]
Mon amour frémissant va plus loin que leur rage.
Seigneur, quand Abraham à tes ordres soumis,
Préparait le bucher pour t'immoler son fils ;
Et que le fer levé sur la tendre victime,
Il t'offrait de son sang le tribut légitime, [110]
D'un tel frémissement le vis-tu s'émouvoir ?
À la nature en lui laissas-tu son pouvoir ?
Et d'un semblable amour sentant la violence,
Mourrait-il comme moi de son obéissance ?