Votre mort ! Que deviens-je, à ces tristes accents !
Quel affreux désespoir a ranimé mes sens ! [1250]
Inès, ma chère Inès, pour jamais m'est ravie !
Ce fer m'est donc rendu pour m'arracher la vie.
Ah ! Mon fils, arrêtez.
Pourquoi me secourir ?
Soyez encor mon père en me laissant mourir.
Que j'expire à vos pieds ; et qu'unis l'un à l'autre, [1255]
Mon âme se confonde encore avec la vôtre.
Non, cher prince, vivez. Plus fort que vos malheurs,
D'un père qui vous plaint, soulagez les douleurs.
Soufrez encor, soufrez qu'une épouse expirante
Vous demande le prix des vertus de l'infante. [1260]
Par ses soins généreux, songez que vous vivez.
Puisse-t-elle jouir des jours qu'elle a sauvés !
Plus heureuse que moi... consolez votre père !
Mais n'oubliez jamais combien je vous fus chère.
Aimez nos chers enfants ; qu'ils soient dignes... je meurs. [1265]
Qu'on m'emporte.
Comment survivre à nos malheurs !