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Scène I

Alphonse, à un garde.

Qu'on m'amène mon fils. Que mon âme est émue !

Quel sera le succès d'une si triste vue !

Si toujours inflexible il brave encor mes lois,

Je vais donc voir mon fils pour la dernière fois. [810]

N'ai-je par tant de voeux obtenu sa naissance ;

N'ai-je avec tant de soins élevé son enfance ;

Et formé sur mes pas au mépris du repos,

Ne l'ai-je vu si tôt égaler les héros,

Que pour avoir à perdre une tête plus chère ! [815]

N'était-il donc, ô ciel, qu'un don de ta colère !

Seul, tu me consolais, mon fils ; et sans chagrin,

Je sentais de mes jours le rapide déclin :

Dans un digne héritier je me voyais renaître :

Je croyais à mon peuple élever un bon maître ; [820]

Et de ton règne heureux, présageant tout l'honneur,

D'avance je goûtais ta gloire et leur bonheur !

Que devient désormais cette douce espérance !

Tu n'es plus que l'objet d'une juste vengeance.

Ton père et tes sujets vont te perdre à la fois ; [825]

Ta mort est aujourd'hui le bien que je leur dois.

Ta mort ! Et cet arrêt sortirait de ma bouche !

La nature frémit d'un devoir si farouche.

Je dois te condamner : mais mon coeur combattu