l'outrage.
Madame, puis-je craindre un impuissant courroux,
Quand je suis mille fois plus à plaindre que vous. [690]
Hélas ! D'Alphonse seul le sort vous inquiète.
Si Dom Pedre périt, vous êtes satisfaite.
L'un et l'autre péril accable mes esprits ;
Et je crains pour Alphonse autant que pour son fils.
Quelque succès qu'il ait ; qu'il triomphe, ou qu'il meure, [695]
Puisqu'il est criminel, il faut que je le pleure ;
Et c'est la même peine à ce coeur abattu
D'avoir à regretter sa vie, ou sa vertu.
Osez-vous affecter ce chagrin magnanime,
Cruelle ; quand c'est vous qui le forcez au crime ? [700]
Quand vous voyez l'effet d'un amour applaudi,
Que du moins par l'espoir vous avez enhardi ?
Mais que fais-je ! Pourquoi perdre ici les paroles ?
La haine n'entre point dans ces détails frivoles ;
Et que ce soit ou non l'ouvrage de vos soins, [705]
On vous aime, il suffit ; je ne vous hais pas moins.
De Dom Pedre et de vous mes malheurs sont le crime,
Puissiez-vous l'un et l'autre en être la victime.
Quel bruit entends-je, ô ciel ! C'est l'infant que je vois :
Ô désespoir ! Sachons ce que devient le roi. [710]