Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/356

Cette page n’a pas encore été corrigée

Chasse loin de mon fils ce transport téméraire.

Je lui vais enlever l'objet de tous ses voeux ;

Fais qu'à ses feux éteints succèdent d'autres feux ; [590]

Qu'il perde son amour, en perdant l'espérance.

Protège, juste ciel, daigne aider ma prudence.


Scène III

Alphonse, Inès.
Alphonse

Venez, venez, Inès. Peut-être attendez-vous,

Un rigoureux arrêt dicté par le courroux.

Vous jetez la discorde au sein de ma famille ; [595]

Contre le Portugal vous armez la Castille,

Et vos yeux, seul obstacle à ce que j'ai promis,

M'alarment plus ici qu'un peuple d'ennemis.

Je veux bien cependant ne pas croire, Madame,

Que d'un fils indiscret vous approuviez la flamme ; [600]

Ni qu'en entretenant ses transports furieux,

Vôtre coeur ait eu part au crime de vos yeux ;

Je ne punirai point des malheurs, que peut-être,

Malgré votre vertu vos charmes ont fait naître :

Quoiqu'il en soit enfin, je veux bien l'ignorer. [605]

Sans rien approfondir, il faut tout réparer.

Inès

Je l'ai bien crû, seigneur, d'un monarque équitable,

Qu'il ne se plairait pas à me croire coupable ;

Que lui-même plaignant l'état où je me vois,

Ne m'accablerait point...

Alphonse

Inès, écoutez moi. [610]

De vos nobles ayeux je garde la mémoire :

Du sceptre que je porte ils ont accru la gloire :