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La laisserez-vous donc encor s'en applaudir ;

Au lieu d'intimider aux dépens de sa vie

Celles que séduirait son audace impunie ?

De la sévérité si vous craignez l'excès, [565]

De la douceur aussi quel serait le succès ?

Voulez-vous tous les jours qu'une fière sujette,

Des enfants de ses rois médite la défaite ;

Que profitant d'un âge ouvert aux vains désirs,

Où le coeur imprudent vole aux premiers plaisirs, [570]

Elle usurpe sur eux un pouvoir qui nous brave,

Et dans ses souverains se choisisse une esclave ?

Délivrez vos enfants de ce funeste écueil ;

De ces fières beautés épouvantez l'orgueil ;

Et qu'Inès condamnée apprenne à ces rebelles [575]

À respecter des coeurs trop élevés pour elles.

Alphonse

Je voulais la punir ; et mon premier transport

Avec vos sentiments n'était que trop d'accord :

Mais je ne suis pas roi pour céder sans prudence

Aux premiers mouvements d'une aveugle vengeance. [580]

Il est d'autres moyens que je dois éprouver.

Ordonnez qu'elle vienne à l'instant me trouver.


Scène II

Alphonse

Ô ciel, tu vois l'horreur du sort qui me menace !

Je crains toujours qu'un fils, consommant son audace,

Ne me réduise enfin à la nécessité [585]

De punir malgré moi sa coupable fierté.

N'oppose point en moi le monarque et le père ;