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ACTE III


Scène I

Alphonse, la Reine.
Alphonse

Oui ; qu'elle vienne, avant que mon coeur s'abandonne

Aux conseils violents que le courroux lui donne.

Il faut de la prudence empruntant le secours, [545]

D'un trouble encor naissant interrompre le cours.

Voyons Inès ; suivons ce que le ciel m'inspire ;

Dans le fond de son coeur je me promets de lire.

Madame, je l'attends, qu'on la fasse venir ;

Je vais voir si je dois pardonner ou punir. [550]

La Reine

Eh ! Peut-elle, Seigneur, n'être pas criminelle ?

L'amour seul qu'elle inspire est un crime pour elle :

Mais elle ne s'est pas bornée à le souffrir ;

Soigneuse de l'accroître, ardente à le nourrir,

Et plus superbe encor par l'hymen qu'elle arrête, [555]

Elle s'est tout permis, pour garder sa conquête.

Un des siens me le vient d'avoüer à regret :

Tous les jours auprès d'elle introduit en secret,

Le prince ne suivant qu'un fol amour pour guide,

Va de ses entretiens goûter l'appas perfide. [560]

Sans doute à la révolte elle ose l'enhardir.