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Je me retire ;

Mais, si mes pleurs sur vous ont encore quelque empire...

Alphonse

Cessez de m'affliger par cet injuste effroi ; [345]

Et de vôtre bonheur reposez-vous sur moi.


Scène II

Alphonse, Dom Pedre.
Alphonse

Les peuples ont assez célébré vos conquêtes,

Prince ; il est temps enfin que de plus douces fêtes,

Signalent cet hymen entre deux rois juré,

Digne prix des exploits qui l'ont trop différé : [350]

Cet hymen que l'amour, s'il faut que je m'explique,

Devrait presser encor plus que la politique,

Qui présente à vos voeux des vertus, des appas,

Que l'univers entier ne rassemblerait pas.

Je m'étonne toujours que sur cette alliance ; [355]

Vous m'ayez laissé voir si peu d'impatience ;

Que, loin de me presser de couronner vos feux,

Il vous faille avertir, ordonner d'être heureux.

Dom Pedre

J'espérais plus, Seigneur, de l'amitié d'un père.

N'était-ce pas assez m'expliquer que me taire ? [360]

J'ai crû sur cet hymen que mon roi voudrait bien

Entendre mon silence, et ne m'ordonner rien.

Alphonse

Ne vous ordonner rien !... À ce mot téméraire,

Je sens que je commande à peine à ma colère ;

Et si je m'en croyais... mais, Prince, ma bonté [365]

Se dissimule encor votre témérité.