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L'aspect de votre fils troubla d'abord mon âme.

Des mouvements soudains inconnus à mon coeur,

Du devoir de l'aimer firent tout mon bonheur ;

Et vous jugez combien dans mon âme charmée [315]

S'est accru cet amour, avec sa renommée.

Quand on vous racontait sur l'Africain jaloux

Tant d'exploits étonnants, s'il n'était né de vous,

Par quels voeux près de lui j'appelais la victoire !

Par combien de soupirs célébrais-je sa gloire ! [320]

Enfin je l'ai revu triomphant ; et mon coeur

S'est lié pour jamais au char de ce vainqueur.

Cependant, malheureuse, autant il m'intéresse,

Autant je me sens loin d'obtenir sa tendresse :

Objet infortuné de ses tristes tiédeurs, [325]

Je dévore en secret mes soupirs et mes pleurs :

Mais il me reste au moins une faible espérance

De trouver quelque terme à son indifférence :

Tout renfermé qu'il est, l'excès de mon amour

Me promet le bonheur de l'attendrir un jour. [330]

Attendez-le, seigneur, ce jour, où plus heureuse,

Je fléchirai pour moi, son âme généreuse ;

Et ne m'exposez pas à l'horreur de souffrir

La honte d'un refus dont il faudrait mourir.

Alphonse

Ma fille, car l'aveu que vous daignez me faire, [335]

Vient d'émouvoir pour vous des entrailles de père.

Ces noms intéressants flattent déjà mon coeur ;

Et je me hâte ici d'en goûter la douceur.

Ne vous alarmez point d'un malheur impossible.

Mon fils à tant d'attraits ne peut être insensible ; [340]

Et, quoique vous pensiez, vous verrez dés ce jour

Et son obéissance, et même son amour.

Je vais...

Un Garde

.

Le prince vient, Seigneur.

Constance