Ce n'est point son erreur qui l'envoie au supplice ;
C'est de sa trahison le juste châtiment,
Ou plutôt d'un rival sa mort est le tourment.
Scène V
Vos ordres sont remplis ; et je viens vous apprendre [1360]
Le sort de deux grands coeurs qui ne sont plus que cendre.
Sitôt qu'on vous a vu rentrer dans le palais,
Du supplice fatal on hâte les apprêts ;
On conduit au bucher Antigone enchaînée ;
Misaël soupirant y suit l'infortunée. [1365]
Je ne vous tairai point le murmure et les pleurs
D'un peuple consterné qu'accablent leurs malheurs.
Chacun jette des cris : chacun se désespère
De voir cette beauté qui vous était si chère,
Par qui depuis longtemps sur vos heureux sujets [1370]
Vous vous plaisiez vous-même à verser vos bienfaits,
Que jusques-là, seigneur, si j'ose vous le dire,
Votre amour et nos voeux appelaient à l'empire,
Au lieu de ces grandeurs qui semblaient la chercher,
Ne trouver aujourd'hui qu'un infâme bucher. [1375]
Elle seule est tranquille ; elle seule demeure
Insensible à des maux que tout le monde pleure ;
Et loin de nous montrer un front épouvanté,