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non pas son bourreau. [1135]

Mais pourquoi ces fureurs ? Qu'importe à votre flamme

Que d'un autre ou de lui je devienne la femme,

Puisqu'enfin désormais, asservie à leur loi,

Tout idolâtre hymen est interdit pour moi ?

Je suis israélite ; et loin que je démente [1140]

Ce nom...

Antiochus

Tu ne l'es point ; tu n'es que son amante.

Ton dieu c'est ton amour ; et tes voeux aujourd'hui

N'ont en me trahissant sacrifié qu'à lui :

Mais je vais te punir, en t'arrachant la vie,

Et de ton sacrilège et de ta perfidie. [1145]

Ingrate, tu vas voir mon courroux furieux

S'épuiser à venger mon amour et les dieux.

Misaël

N'écoutez pas, Seigneur, cette horrible vengeance.

Souffrez qu'à vos genoux quelque espoir de clémence...

Antiochus

Misaël à mes pieds ! Je ne m'en flattais pas. [1150]

Je ne lui croyais point un courage si bas ;

Et jusqu'à ce moment prière ni menace

N'avait pi le forcer à me demander grâce.

Le faible de ton coeur vient de se déceler ;

Et tu m'apprends toi-même à te faire trembler. [1155]

Misaël

Il est vrai, ma frayeur à vos yeux se déclare :

Mais ne connaissez-vous que ce plaisir barbare ?

Et du pouvoir des rois les suprêmes grandeurs

N'ont-elles rien de doux que d'effrayer les coeurs ?

Osez faire aujourd'hui l'essai d'une autre gloire. [1160]

Remportez sur vous-même une illustre victoire.

Faut-il qu'un nom célèbre entre les conquérants

Mêle à tant de lauriers l'opprobre des tyrans ?

D'un peuple gémissant faites tomber les chaînes ;