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Pourquoi vous hâtez-vous de le noircir d'un crime,

Puisque la suite enfin peut être légitime ; [1005]

Puisqu'elle était permise...

Salmonée

À tout autre qu'à lui.

Oui, le commun des juifs peut sans crime avoir fui.

Quand le tyran leur livre une cruelle guerre,

Qu'ils cherchent un asile aux antres de la terre ;

Contents, sans l'affronter, d'attendre le trépas, [1010]

Ils peuvent se cacher ; je n'en murmure pas.

Mais le ciel de mon fils exigeait davantage.

Quand de ses frères morts, il a vu le courage,

Témoin de tous les maux qu'ils viennent de souffrir,

C'est les déshonorer qu'avoir craint de mourir. [1015]

Mais tout mon sang est prêt pour expier son crime ;

Accepte au lieu du fils la mère pour victime ;

Seigneur, que le tyran las de me dédaigner,

Ne me méprise plus assez pour m'épargner.

Rend terrible à ses yeux le zèle qui m'enflamme. [1020]

Qu'il croie en me perdant perdre plus qu'une femme ;

Et que dans sa fureur ce nouveau Sisara

Craigne de laisser vivre un autre Debora.

Fais qu'à mes vrais enfants désormais réunie,

Tout mon sang d'un ingrat lave l'ignominie : [1025]

Quand je n'ai plus de fils que je puisse t'offrir,

Plus d'autre bien pour moi, Seigneur, que de mourir.