Et du ciel apportant la divine promesse,
De l'humble Gedéon vint armer la faiblesse.
J'ai beau me dire ici que Misaël n'est rien, [870]
Je sais que je puis tout avec un tel soutien,
Et que devant le chef qu'à son peuple Dieu nomme,
Les camps le plus nombreux fuiront comme un seul homme.
C'en est fait ; mettons-nous en état d'obéir.
À tarder plus longtemps je croirais le trahir. [875]
La fuite désormais à mes yeux ne présente
Que de nos saints exploits la suite triomphante.
Heureux ! Si je pouvais, pour prix de votre foi,
Vous replacer au trône où vous montiez sans moi.
Mais, que dis-je ! En fuyant, laisserons-nous ma mère [880]
Au pouvoir du tyran, en proie à sa colère ?
Rassure-toi. Mes soins ne l'abandonnent pas.
Bientôt, cher Misaël, elle suivra nos pas.
J'ai prévu, j'ai senti ta tendresse inquiète ;
Et mes ordres secrets assurent sa retraite. [885]
Ne crains rien.
Allons donc.
Quand je pars avec toi,
Misaël, il te reste à me donner ta foi,
À recevoir la mienne ; et ma gloire jalouse
Ne me laisse d'ici partir que ton épouse.
Atteste donc le dieu que nous servons tous deux, [890]
Et qu'il soit à jamais le garant de nos feux.
Dieu puissant, qui jadis donnas ta loi suprême
Aux deux premiers époux qu'unissait ta main même,
Qui, bénissant un feu par toi-même inspiré,
D'un amour naturel fis un lien sacré ; [895]