Eh bien ! Que faut il faire enfin pour vous sauver ? [835]
Je sais de ce palais les détours les plus sombres ;
Et tandis que la nuit répand partout ses ombres,
Celui même par qui je t'avais fait garder,
Barsès hors de ces murs consent à nous guider.
Profitons des moments ; allons sous sa conduite... [840]
Pour un coeur généreux quel secours que la fuite !
Ne t'en alarme point. Pour toi, cher Misaël,
De ta fuite va naître un honneur immortel.
Si tu crois une amante à ta gloire attachée,
Ta retraite longtemps ne sera pas cachée ; [845]
Et, j'en crois mon espoir, bientôt tu t'en feras
L'heureux champ de bataille où tu triompheras.
Tu peux faire porter de secrètes nouvelles
À ceux qui des hébreux sont demeurés fidèles ;
Les avertir partout de s'armer sans éclat, [850]
Et de se joindre à toi préparés au combat.
Bientôt de tes projets l'heureuse renommée
Du brave assidéen grossira ton armée ;
Il viendra sous tes lois signaler sa valeur.
Alors fais retentir le saint nom du Seigneur. [855]
Des prêtres rassemblés fais sonner la trompette,
Et de nos fiers tyrans entreprend la défaite.
Dieu, du haut de son trône, appuiera tes desseins,
Saura pour le combat armer tes jeunes mains,
Remontrera David en ton ardeur guerrière, [860]
Et par toi les géants vont mordre la poussière.
Par ce zèle enflammé que vous me faites voir,
Tout à coup dans mon coeur passe tout votre espoir.
J'en augure aux hébreux une gloire nouvelle,
Et c'est par votre voix le seigneur qui m'appelle. [865]
Oui, je crois voir en vous cet ange impérieux,
Qui jadis, pour briser les fers de nos aïeux,