Scène I
Je vous l'ai dit, Seigneur : j'espère le fléchir :
Mais des pleurs d'une mère il fallait l'affranchir, [615]
Et vous aviez encore à craindre que son zèle
Ne l'armât contre nous d'une force nouvelle :
Vous le faites garder en ces lieux par Barsès,
Et rien ne saurait plus traverser mes succès.
J'ai de l'israëlite ébranlé le courage. [620]
Encor quelques efforts j'obtiendrai davantage.
Vous l'avez dû prévoir, un esprit si hautain
Ne revient pas si tôt de son premier dessein :
Son orgueil, pour se rendre, a besoin d'un long terme ;
Et même en fléchissant il veut paraître ferme. [625]
Mais fiez-vous à moi ; je saurai le sauver.
J'ai commencé, Seigneur ; je réponds d'achever.
Madame, chaque jour me le fait mieux connaître ;
Pour calmer mes chagrins, le ciel vous a fait naître ;
Et je bénis l'instant où la faveur des dieux, [630]