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Par un bizarre orgueil ne vas point te défendre

Des bienfaits qui sur toi cherchent à se répandre.

Élevé sur tous ceux que j'ai le plus chéris,

Seul tu me tiendras lieu de tous mes favoris. [455]

Point de rang, point d'honneur qu'un peu d'encens n'obtienne ;

Et pour tant d'amitié je ne veux que la tienne.

Misaël

Mon amitié n'est rien, Seigneur ; et je ne puis

Auprès d'Antiochus oublier qui je suis.

Je me vois dans vos fers ; et quoique mon audace [460]

Put ici s'appuyer d'une royale race,

Malgré le sang auguste où j'ai puisé le mien,

Je le redis encor, mon amitié n'est rien.

Telle qu'elle est pourtant, voudrez-vous me permettre

De vous dire à quel prix je dois encor la mettre ? [465]

Redonnés à Sion toute sa sainteté.

Que l'autel par vos dieux ne soit plus habité.

Que le séjour de Dieu, le sacré sanctuaire

De vos prêtres impurs ne soit plus le repaire.

N'y laissez plus régner ces festins dissolus [470]

Consacrez parmi vous au temple de Vénus ;

Et que Jérusalem ne soit plus le théâtre

De toutes les horreurs qu'inventa l'idolâtre.

Laissez-nous rétablir nos remparts abattus.

Protégez-nous enfin comme l'a fait Cyrus ; [475]

Ou laissez-nous en paix du moins comme Alexandre.

À ces grands noms, Seigneur, vous devriez vous rendre.

Sous vos lois, s'il le faut, retenez notre État :

Mais au culte de Dieu rendez tout son éclat ;

Et qu'à ses saints autels nos tribus réunies [480]

Jouissent sans effroi de leurs cérémonies.

Si je puis vous fléchir, si j'obtiens ces bienfaits,

Commandez ; nous voilà vos plus zélés sujets.