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Soit que ton œil mille estendarts
Voye ondoyer en mille parts,
Tristes messagers d’vne guerre,
Ou le meilleur de tes souhaits
De l’heur iouissant d’vne paix,
Au clos de ta maison t’enserre.

Car Teucre prõpt d’vn pied fuyard
Tremblant au furieux regard
De son pere, changea de place
De sa bouche, laissant couler
À ses amis vn doux parler
D’vn beau rondeau ceignit sa face.

Disant, ou le Sort nous verrons
Nous conduire, là nous yrons
Foulans du pied la mesme voye
Mon feu, mon cœur, mes compagnõs
En cuidant perdre nous gaignons
Souuent vne plus riche proye.

Armons nous donq d’vne fierté,
Rendons nostre esprit indomté
Par vn dard aislé de constance,
Tant que sur vous Teucre sera
Maistre & seigneur : Il vous fera
Redouter, & vostre puissance.

Car Apolon n’a dit en vain
 (Ce que ie tiens pour trop certain)
Qu’vne grand ville on verra naistre
De moy ailleurs, qu’on nommera,
Salamine qui lors fera
Sa grandeur par tout recongnoistre.

Chassés d’vn Nectar precieux
Tout semblable à celuy des Dieux,
Des soucis la troupe meurtriere,
Cueillissés d’un oisif seiour
Le doux miel, nous viendrons vn iour
Derechef reuoir nostre terre.