Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/199

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Sagane alors, robe troussée, hispide
Comme un oursin, un sanglier
Serré de près, dans le logis entier
De l'Averne épand l'eau fétide.
Véia, toujours insensible aux remords,
Maniant une lourde bêche,
En haletant creusait la terre fraîche
Où plongé, le menton dehors,
Tel qu'un nageur dont la tête s'élève
Au-dessus du large courant,
L'enfant doit voir, trois fois le jour durant,
Des mets servis fuir comme en rêve.
Et quand la mort enfin clora ses yeux
Las de l'horrible duperie,
Son foie aride et sa moelle appauvrie
Formeront un philtre amoureux.
Naples l'oisive et les cités voisines
Disent qu'à ce drame inouï
Vint Folia, rebut de Rimini,
Un monstre d'ardeurs masculines,
Qui ferait choir, d'un mot thessalien,
Lune et soleil sur notre sphère.
Que ne dit point Canidie, en l'affaire,
Tout en rongeant son pouce ancien,
D'une dent noire ? « Ô vous, de mes pratiques
Les témoins sans cesse discrets,
Diane, ô Nuit, qui de voiles secrets
Entourez les œuvres magiques,
Venez, venez, sur des toits ennemis
Tournez votre ire et vos justices !