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Fous de terreur. Moi, prévoyant auspice,
          De l’Est, par mes souhaits,

En ses palus avant que se rejette
Du mauvais temps le prophétique oiseau,
J’évoquerai pour ceux que je regrette
          Un oscine corbeau.

Va, Galatée, aux lieux que tu préfères ;
Va, sois heureuse, et pense à nous longtemps.
Et loin de toi les corneilles sévères
          Les piverts tourmentants !

Vois néanmoins quel tumulte, en sa fuite,
Laisse Orion. Je connais la noirceur
Du flot de Brinde, et d’Iapyx ensuite
          La perfide douceur.

De l’ennemi que les fils et les femmes
Éprouvent seuls les coups sourds des autans.
Et l’affreux bruit des gigantesques lames
          Sur les bords palpitants !

Europe ainsi fia son corps de neige
Au faux taureau : l’audacieuse enfin
Pâlit devant la houle qui l’assiège
          Et les bonds du dauphin.

Elle, tantôt, qui cueillait sur la rive
Pour chaque nymphe un bouquet gracieux,
N’aperçoit plus, sous la lune furtive,
          Que la mer et les cieux.