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livre ii, satire ii.

de la terre primitive ! Donnes-tu quelque chose à la renommée dont la voix est plus douce que le chant à l’oreille humaine ? Ces grands turbots et ces grands plats amènent le déshonneur et la ruine. Ajoute un oncle et des voisins irrités, toi-même mécontent, et le désir de la mort, fort inutile quand on n’a plus un as pour acheter une corde ! — « C’est Trausius, dis-tu, qui mérite ce blâme ; moi j’ai de grands revenus et des richesses qui suffiraient amplement à trois rois. » — Ne peux-tu donc mieux user de ton superflu ? Pourquoi existe-t-il un honnête homme pauvre, si tu es riche ? Pourquoi les temples antiques des Dieux s’écroulent-ils ? Pourquoi, misérable, ne donnes-tu pas à la chère patrie quelque chose d’un si grand monceau d’or ? Penses-tu que les choses ne seront toujours favorables qu’à toi seul ? Oh ! que tes ennemis riront un jour aux éclats ! Lequel est plus sûr de lui-même dans les vicissitudes, de celui qui a créé le plus de besoins à son esprit et à son corps orgueilleux,