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satires.

altéré, l’estomac vide, dédaigne, si tu le peux, une nourriture commune et refuse de rien boire, sinon le miel de l’Hymettus délayé dans du Falernum. Le sommelier est sorti, et la mer que l’hiver rend toute noire et orageuse défend les poissons. Du pain avec du sel adoucira les aboiements de ton estomac. D’où penses-tu que cela vienne ? La plus grande volupté ne réside pas dans une odeur rare, mais bien en toi-même. Cherche des ragoûts en suant. Ni les huîtres, ni le sarget, ni le lagoïs voyageur ne peuvent plaire à un homme pâle et gras de gourmandise.

C’est avec peine, cependant, que j’obtiendrai, un paon étant placé devant toi, que tu lui préfères une poule, afin de flatter ton palais, corrompu que tu es par la vanité. Qu’importe à l’affaire que l’oiseau rare se vende au poids de l’or et qu’il étale le spectacle de sa queue peinte ? Te nourriras-tu de cette plume que tu vantes ? Une fois cuit, a-t-il la même beauté ? Que tu sois séduit par un