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livre i, satire x.

pensée se hâte sans embarrasser les oreilles fatiguées du poids des mots. Il faut que le discours soit tantôt sérieux, souvent gai, offrant tour à tour le caractère de l’orateur, du poëte, de l’homme poli qui ménage ses forces et se résout parfois à en faire le sacrifice. La plupart du temps une plaisanterie tranche les grandes difficultés mieux et plus fortement qu’une injure.

En cela, ceux par qui l’ancienne comédie a été écrite ont excellé et sont à imiter, eux que le bel Hermogénès n’a jamais lus, ni ce singe qui ne sait rien chanter que Calvus et Catullus. — « Mais il a fait une grande chose : il a mêlé du græc à du latin. » — « Ô mauvais écoliers ! Trouvez-vous donc si étonnant et si difficile ce qu’a pu faire le Rhodien Pitholéon ? » — « Mais ce style mêlé de deux langues est plus doux ; c’est comme si le vin de Chio était mêlé au Falernum. » — « Est-ce quand tu fais des vers, je te le demande, ou quand il s’agit