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livre i, satire ix.


SATIRE IX.


J’allais par la Voie Sacrée, méditant, selon ma coutume, je ne sais quelles bagatelles, et tout absorbé. Un homme, qui m’est connu seulement de nom, accourt et me saisit la main : — « Comment es-tu, très-cher ? » — « Fort bien pour l’instant, dis-je, et je te souhaite tout ce que tu veux. »

Comme il me suivait, je lui dis : « Désires-tu quelque chose ? » Lui répond : « Tu me connais ; je suis un savant aussi. » Moi, je dis : « Je ne t’en estime que plus. » Cherchant avec angoisse à me dépêtrer, tantôt j’allais plus vite et tantôt m’arrêtais, disant je ne sais quoi à l’oreille de mon esclave ; et la sueur me coulait jusqu’aux talons — « Ô Bolanus, disais-je en moi-même, que tu es heureux d’avoir la tête chaude ! » Lui bavardait à tort et à travers, louant la ville et les fau-