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livre i, satire vi.

de légers défauts, et en petit nombre, tels que des marques naturelles dispersées sur un beau corps ; si nul ne peut m’accuser légitimement d’avarice, de débauche, de mauvaises mœurs ; si, afin de faire mon propre éloge, je vis pur, innocent, et cher à mes amis, je le dois à mon père qui, ne possédant qu’un maigre champ, ne voulut pas m’envoyer à l’école de Flavius où allaient les nobles enfants des nobles centurions, la bourse et la tablette suspendues au bras gauche, et ne payant qu’aux Ides. Dès mon enfance il osa me porter à Roma, afin d’y apprendre tout ce que le chevalier et le sénateur font enseigner à leurs fils. Si quelqu’un eût remarqué, au milieu de la foule, mes habits et les serviteurs qui me suivaient, il eût cru que cette dépense était payée sur mon patrimoine. Mon père lui-même, incorruptible gardien, me menait chez tous mes maîtres. Pourquoi en dire plus ? Il garda mon