si tes ancêtres paternels et maternels ont autrefois
commandé de grandes légions, tu n’as pas coutume, comme plusieurs, de regarder dédaigneusement les inconnus, tels que moi né d’un père
affranchi. Tu nies qu’il importe de quel père on
est né, quand on est libre. Tu es convaincu
qu’avant la puissance de Tullius et son règne
d’origine obscure, beaucoup d’hommes, issus d’aïeux
nuls, ont vécu honnêtement et se sont élevés à de
grands honneurs ; que Lævinus, au contraire,
descendant de Valérius qui chassa du trône Tarquinius le Superbe, n’a jamais été estimé le prix
d’un as par la multitude, ce juge que tu connais,
ce peuple qui, dans son ineptie, accorde souvent
les honneurs à des indignes, qui se laisse asservir
stupidement par la renommée et qui s’ébahit
devant les inscriptions et les images. Que faut-il
que nous fassions, nous si fort éloignés du vulgaire ?
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livre i, satire vi.