Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
livre i, satire iv.

ger par la crainte de la mort, de même l’opprobre d’autrui fait souvent peur du vice aux jeunes esprits. C’est par là que je me suis préservé des vices pernicieux ; mais j’ai des défauts moindres et de ceux qu’on pardonne ; et peut-être le temps, des amis sincères et ma propre rélexion m’en enlèveront-ils une large part. Je ne me manque à moi-même, ni au lit, ni sous le portique : « Ceci est plus sage ; en agissant ainsi, je vivrai mieux et je serai plus cher à mes amis. Un tel a mal fait ; serais-je assez imprudent pour faire de même ? »

Voilà ce que je me dis, les lèvres fermées ; et, quand j’en ai le loisir, je me distrais en l’écrivant, et c’est là un de ces moindres défauts que j’ai dits. Si tu ne me le concèdes pas, la multitude des poëtes viendra à mon aide, car nous sommes innombrables ; et nous te forcerons, comme font les Juifs, à entrer dans notre bande.