obliques ; il l’appelle petit poulet, si c’est un nain
comme cet avorton de Sisyphus. Si ses jambes sont
torses, ou ses talons contrefaits, il le surnomme
en balbutiant Varus ou Scaurus. Celui-ci vit parcimonieusement ! dis qu’il est frugal. Celui-là est
bête et fanfaron ! c’est qu’il désire plaire à ses
amis. Mais il est plus que brutal et grossier ! c’est
qu’il est franc et brave. Il est très-emporté ! c’est
qu’il compte parmi les personnes vives. Je pense
que c’est ainsi qu’on se fait des amis et qu’on les
garde. Nous tournons les vertus elles-mêmes à
l’envers et nous désirons salir les vases propres
encore. Un honnête homme vit avec nous ! c’est
un esprit bas ; celui-là est lent ! nous disons qu’il
est lourd. Celui-ci évite tous les pièges, il ne prête
point le flanc à l’attaque, vivant dans un temps où
l’envie et la calomnie triomphent ! nous le nommons
faux et rusé, et non sensé et prudent. Cet autre est
très-simple (tel que je t’ai semblé souvent,
Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/29
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
livre i, satire iii.
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d4/Horace_-_%C5%92uvres%2C_trad._Leconte_de_Lisle%2C_II.djvu/page29-1024px-Horace_-_%C5%92uvres%2C_trad._Leconte_de_Lisle%2C_II.djvu.jpg)