On possède par la balance et par l’argent, et
aussi, selon les jurisconsultes, par l’usage. Le
champ qui te nourrit est tien, et le fermier d’Orbius, lorsqu’il herse les sillons qui te donneront
bientôt des blés, te reconnaît pour maître. Tu
donnes de l’argent, tu reçois du raisin, des poulets,
des œufs, un tonneau de vin ; et, de cette
façon, tu achètes peu à peu un champ qui aura
peut-être été payé trois cent mille sesterces, et même
plus. En quoi diffère-t-il que tu vives d’un argent
dépensé maintenant en détail, ou d’un coup autrefois. L’ancien acheteur du domaine d’Aricia et de
Véiæ soupe de légumes achetés, bien qu’il pense le
contraire ; il chauffe sa marmite, pendant la nuit
glacée, avec du bois acheté ; mais il appelle sien ce
qu’une rangée de peupliers limite et défend contre
la convoitise du voisin ; comme si on possédait
vraiment ce qui, dans un point de l’heure mobile,
par prière, à prix d’argent, par force, ou par la
mort qui est la fin suprême, change de maître