gatelles ; il est temps de laisser aux enfants leurs
jeux, de ne plus adapter des mots aux sons de
la lyre Latine, et d’apprendre les règles et la nature de la véritable vie. C’est pourquoi, je me dis et me redis en moi-même : — Si l’eau, en abondance,
ne pouvait étancher ta soif, tu raconterais
cela aux médecins ; et, quand tu veux d’autant plus
posséder que tu possèdes davantage, tu n’oses
l’avouer à personne ! Si ni herbe, ni racine ne
pouvaient soulager ta blessure, tu ne te soucierais
plus de l’herbe et de la racine qui ne servent à
rien. Tu avais entendu dire que les Dieux, en donnant la richesse à quelqu’un, éloignaient de lui un grand travers, et bien que, pour être comblé de
richesses, tu n’en sois pas plus sage, cependant tu
te fies encore aux mêmes conseils ! Si les richesses
te rendaient sage, diminuaient ta cupidité et ta
lâcheté, tu rougirais sans doute qu’il y eût sur la terre quelqu’un plus avare que toi.
Page:Horace - Œuvres, trad. Leconte de Lisle, II.djvu/262
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épitres.